La Bibliothèque d'Emeraude

La bibliothèque d'Émeraude est immense, d'innombrables rangées de livres plus poussiéreuse les unes que les autres contiennent des ouvrages datant de plusieurs siècles et d'autres tout récents. Des tables sont installées à l'entrée de la bibliothèque pour quiconque voulant s'y installer et des fauteuils un peu plus loin sont installés dans une pénombre ambiante ce qui donne un peu froid dans le dos. Le matin, les rayons du soleil viennent éclairer la pièce de milles feux en passant à travers les immenses fenêtres qui donnent sur la cour du château. Mais dans le coin comme celui où les fauteuils prennent place, la lumière n'éclaire pas. Pour éclairer ce coin particulièrement sombre, des chandelles sont allumées pour que les élèves puissent y bavarder ou y lire.

La Section Interdite est le seul endroit où personne ne vivant dans le château, exceptés les souverains, le magicien, les chefs des ordres ou bien sûr les personnes ayant l'autorisation, n'y a accès. Cette section contient bien des livres qui recèlent du savoir certes, mais aussi des maléfices et d'autre choses bien plus sombres que l'on ne peut imaginer. Cependant, contrairement aux rumeurs au sujet de la section interdite, aucune horreur et aucun livres ne prenant vie ne s'y trouve. Ce ne sont que des livres avec des informations qui doivent rester secrète.

Suite de la section "La Salle du Trône"

Sanada pénétra dans la bibliothèque. Celle-ci était vide, a l'exception d'un jeune écuyer qui semblait perdu dans un livre. Celui-ci regarda entrer le Dragonnier, qui le regarda a son tour mais avec un air de mépris profond. Il tenait à ce que la bibliothèque soit totalement vide, afin qu'il puisse se consacrer à ses recherches en toute quiétude.
Il se concentra afin de parler à Xar.

*Nous n'allons tout de même pas le tuer ?*

Xar lui répondit par un ton froid et courroucé.

*Contente toi de t'asseoir face à lui.*

Sanada s'exécuta, sous le regard interrogateur de l'élève. Soudain, Sanada se transforma littéralement. Ses cheveux devinrent d'un blanc sombre, ses yeux passèrent de leur violet habituel à un bleu très clair, presque blanc. Sanada se sentit aspiré dans son esprit, Xar prenait le contrôle de son corps. Il ne pouvait rien faire.
L'entité se pencha vers le futur chevalier pétrifié. Il lui murmura à l'oreille.

-Tu vas partir de cette bibliothèque, et tu vas penser que ce que tu as vu est un cauchemar. Mais à présent, si tu t'avises de parler à quiconque de ton "cauchemar", tu périras comme les milliers de personnes que j'ai déjà tué.

Devant les yeux de l'élève défilèrent des centaines d'images de batailles et de meurtres, des massacres, des corps brulés, écorchés...
L'élève se leva et partit en courant. D'ici quelques minutes, il se réveillerait en plein milieu du couloir, et il penserait que ce n'était qu'un mauvais rêve qui le perturbera pendant des semaines.
Xar fit ressortir Sanada, qui avait observé la scène sans pouvoir réagir. Les méthodes de son compagnon étaient certes brutales, mais efficaces.
Le jeune dragonnier se leva et partit chercher dans les livres quand un bruit vers la porte attira son attention.

Le dragonnier ne l’avait même pas entendu arriver. Ses pas avaient été aussi silencieux que ceux d’un elfe. La jeune fille dut donc annoncer sa présence par un léger soupir.

-Savez-vous que seuls les souverains et nos supérieurs ont le droit de mander de notre présence quand bon leur semblent ? Si vous souhaitiez me voir, vous n’auriez pas du faire votre requête auprès du roi car cela a été considéré comme fort impoli à l’égard de mon statut et mon rang. C'était erreur de votre part car fort peu apprécié de la cour.

Le chevalier était adossée contre l’encadrement de la porte d’entrée de la bibliothèque, un épais volume relié en cuir bleu sombre serré contre sa poitrine.

-Heureusement, on peut dire que vous avez de la chance, j’escomptais justement reposer cet ouvrage.

Un sourire éclaira son visage angélique.

Pourtant, malgré les apparences, Elena était sur ses gardes. D’autant plus depuis qu’elle avait ressenti cette force sombre, puissante et obscure dans le palais par deux fois consécutives. Son intuition lui indiquait que comme le seul étranger à avoir pénétré l’enceinte à ce moment-là était l’homme en face d’elle, il y avait de fortes chances pour que cette personne d’apparence si mystérieuse en fût la cause.

Enchaînant sans laisser au dragonnier le temps de dire quoi que ce soit, Elena posa une question qu’elle savait être dérangeante.

-Pourquoi avoir caché une partie de votre esprit et de vos souvenirs lorsque l’on vous a sondé sieur dragonnier ?...

Les yeux bleus et changeants d’Elena fixèrent intensément le regard de braise du dragonnier.

-Vous cachez bien quelque chose, ça je n’en doute pas et il est inutile de le nier puisque je l’ai ressenti. Mais pourquoi prendre si peu de précautions ? Tenez-vous vraiment à vous faire remarquer ?

Fermant soudain les yeux, la jeune fille prit une longue inspiration.

-Je ressens presque tout ce qui se passe dans ce château. Si je le sonde, je peux vous donner le nombre exact de personnes qui l’occupent, leur état d’esprit du moment et nombre d’autres informations.

Elena rouvrit les yeux.

-Sachez que la confusion du roi juste avant la fin de votre entrevue ne m’a pas échappé. Ni la terreur du jeune garçon il y a à peine quelques minutes alors qu’il sortait de la bibliothèque.

Elle poursuivit sur un ton léger, comme si elle accordait plus de comique que de sérieux à cette situation.

-Je ne sais pas à quoi vous jouez et ce que vous cherchez réellement, mais sachez seulement qu’une dizaine de dragonniers et une bonne quinzaine de chevaliers se trouvent actuellement dans le château… Quelle que soit votre puissance, je ne doute pas que cela soit bien assez suffisant pour vous surpasser et vous maîtriser vous et votre dragon.

-Alors si j’étais vous…

Toujours sur un ton léger et faisant une légère moue qui semblait retenir un éclat de rire.

… j’éviterais les coups d’éclat et les démonstrations de puissance…

Son visage redevint grave, son sourire disparut et ses sourcils se froncèrent.

…et je repartirais bien vite d’où je suis venue.

L’air était chargé d’électricité mais Elena semblait parfaitement savoir ce qu’elle faisait. Son visage se détendit et redevint paisible, alors que sa charmante bouche esquissait un sourire moqueur.

-Mais tout compte fait, maintenant que j’ai presque tout fait éclater au grand jour, je peux en venir aux confidences…
…Je vous trouve très intéressant.

Ne cherchant pas à froisser Sanada, elle se hâta de préciser sa pensée.

-Non-non, je vous assure, je n’oserais aucunement rire de vous de la sorte. Vous avez un côté sombre, dangereux, et surtout très secret et mystérieux. Ce qui est bien suffisant pour intriguer quiconque l’aurait remarqué. De plus, vous semblez mener une existence de solitaires, vous et votre dragon, comme si le monde dans lequel vous étiez avait cessé d’exister et que vous cherchez à fuir celui-ci.

En vous observant j’ai remarqué que vous n’attachiez que peu d’importance à certaines choses… Les gens qui passent à côté de vous, la beauté du monde qui vous entoure, comme celle des jardins que nous avons traversé ou même des choses simples et insignifiantes… Par contre, comme tous les hommes de pouvoir, je vous sens attirer par la puissance… Toujours plus de puissance… et ceux qui en ont. Il s’agit d’une sorte d’obsession, non ? Je sais que comme tout un chacun vous avez ressenti la grandeur de notre chef, le Chevalier Wellan d’Emeraude. Par contre, vous avez sans doute méprisé l’immense sagesse de notre roi. Vous pensez que seuls les hommes d’actes et de guerre ont de la valeur. Pour vous, les penseurs et les diplomates ne sont que des poids, et ils ne font que retarder les moments de gloire et empêcher les victoires. Wellan est aussi un grand stratège et un bon diplomate, savez-vous ? Sa grandeur ne se mesure pas uniquement à la force de son bras et à la puissance de sa magie…

-Enfin, vous avez voulu me voir. On en vient à là. Je vous ai révélé ce que j’ai ressenti et ait vu en vous : mal, menace, danger, ambition, présomption, recherche de puissance… Sans doute suis-je à présent un danger pour vous… Vous vous demandez sans doute de quelle façon j’ai pu deviner tout cela. Alors qu’allez-vous faire ? Qu’escomptez-vous faire alors qu’un simple appel de mon esprit suffirait à mettre tout le château sur le pied de guerre ?

-Vous savez que je vous ai dit tout cela parce que je sais que vous ne me feriez pas le moindre mal… Mais pourquoi ? Qu’ai-je de si particulier à vos yeux ? Est-ce que je vous intrigue tout autant que vous m’intriguez ?...

Sanada n'avait pas eu le temps de répondre a la jeune fille. Que faire ? La tuer reviendrait à alerter tout les chevaliers. Et comme elle était au courant de tout, même si elle n'avait pas les détails, lui mentir ne servirait à rien. Cependant, lui dire la vérité serait très risqué.
Il soupira puis regarda le jeune chevalier dans les yeux.

-Je ne suis pas une menace pour vous, ni pour les autres chevaliers. Du moins, je l'espère. Je ne suis pas toujours moi-même.

Il hésita avant d'ajouter.

-Et quant à vous, je ne vous ferais pas de mal, parce que vous tuer reviendrait à alerter tous les chevaliers. Qui plus est, en effet vous m'intriguez. J'aimerais savoir qui vous êtes réellement.

Sanada ne savait pas quoi dire. S'il laissait sortir Xar, il tuerait sans doute la jeune fille. Mais si il restait ainsi, sans doute préviendrait-elle ses amis chevaliers.

-Qui je suis réellement ? A vrai dire, vous me posez là une des nombreuses questions à laquelle je ne pourrais vous répondre moi-même...

-La seule chose que je sache réellement sur mon identité, est que je suis un Chevalier d'Emeraude. J'essaie donc de me comporter comme telle et de suivre les valeurs sur lesquelles sont fondées l'Ordre. Mais je n’en sais pas plus. Ni sur ma naissance, ni sur l’origine de mes véritables parents.

Elena s’avança dans la pièce et reposa le livre sur une des étagères les plus reculées de la bibliothèque, tournant ainsi le dos au dragonnier.
C’est à ce moment les Voix reprirent dans sa tête. Et elle les écouta.
Sa voix devint alors presque un souffle.

-Pourtant, ce serait une grave erreur de votre part de me sous-estimer…

Puis elle poursuivit la conversation normalement.

-Et n’ayez crainte, vous ne pouvez pas me tuer. Du moins, en cet instant, vous n’en avez pas le pouvoir. Cela ne signifie pas que vous ne soyez pas puissant…

Poursuivant dans ses paroles mystérieuses, la jeune fille reprit, se retournant pour se trouver face à Sanada, plantant son regard dans le sien.

-Vous et moi sommes exactement ce que nous laissons paraître. Mais en fin de compte, que sommes-nous ?

-Vous êtes un mystère pour les gens car il leur est impossible de définir qui vous êtes. Et la seule personne qui pourrait trouver les réponses à vos questions, c’est vous-même.

-Ce que vous étiez ou ce que vous serez n’aura aucune incidence sur votre définition à l’instant précis. Il ne s’agit que de choix. Vous pouvez choisir qui vous êtes. Personne ne vous forcera à être une personne que vous ne voulez pas être. C’est vous, vous seul qui en décidez.

Elena sourit.

-Je crois à présent que je vais vous laisser. Mon devoir m’appelle.

Et elle poursuivit sur un ton guilleret.

-Et ne détruisez pas trop le château en mon absence Sieur Dragonnier.
Laissez-en au moins quelques pierres que l’on puisse s’abriter.

Après ses quelques vers à la limite de la moquerie, elle disparut aussi soudainement qu’elle était arrivée, ne laissant de sa présence qu’une douce odeur de fleurs.

~> Rp à suivre dans La Salle du Trône

Sanada se retrouva seul dans la bibliothèque. Les paroles de la jeune fille résonnaient dans sa tête. Que faire à présent ? Elle risquait de prévenir ses frères d'armes.
Le dragonnier allait sortir de la pièce quand un mouvement dans son dos attira son attention. Il se retourna brusquement, prêt a se battre. Il faillit rire de sa bêtise. Ce n'était qu'un miroir. Il se retourna vers la porte mais une voix le fit se retourner vers le miroir.
Il s'approcha de celui-ci et se regarda dedans. Son reflet changea presque brusquement.
Dans le miroir était apparu Xar, son mystérieux "colocataire", avec ses cheveux blancs et ses yeux d'un bleu si clair qu'ils semblaient presque blancs eux-aussi.
Les lèvres de Xar bougèrent et sa voix se répercuta contre les murs.

-Saches que je ne te permettrait pas la faiblesse.

Sanada avait enfin l'occasion de parler face à face avec son "frère".

-Qui es-tu ? Que veux-tu en étant ainsi en moi ?

Xar entrouvrit la bouche et un ricanement en sortit. Un ricanement moqueur.
Sanada se retrouva projeter contre le mur derrière lui. Il se releva avec difficulté. Il s'élança vers le miroir qu'il brisa dans la moindre difficulté.
Soudain, ce fut le vide dans sa tête. Plus de voix, plus de ricanement. Avait-il tué Xar ? S'était-il enfin débarrassé de ce dernier ?
Une voix dans sa tête l'en dissuada.

*Tu ne pensais pas te débarrasser de moi ainsi, n'est-ce pas ?*

Sanada ne répondit pas. Il devrait sortir du château. La nuit allait sans doute tomber d'ici quelques minutes.
Le Dragonnier sortit de la bibliothèque, Xar toujours dans ses pensées.