Pendant ce temps, les cuisines s’activaient et le bruit courrait à travers les commérages des serviteurs qu’un chevalier disparu avait été retrouvé après sept longues années d’absence. Les femmes discutaient, d’une voix cachant mal leur excitation, de la noble apparence du chevalier.
-‘Paraît qu’il aurait les yeux bleus et les cheveux d’un blond...
-Pas du tout ! J’ai entendu dire qu’il était roux !...
-Et qui t’as dit ça la Simone ? C’est le garçon d’écurie, c’est ça ?...
-Roux ? Et pourquoi pas vert tant qu’t’y est ?! Un chevalier roux, ça c’est jamais vu... Tu en as déjà vu un toi ?...
-Le rouge ça porte malheur...
-Eh toi ! Passe-moi la marmite de sauve qui est là-bas au lieu de bavasser ! Le banquet doit être prévu pour ce soir, on a que quelques heures devant nous alors arrêtez de bavasser !
-Il serait plus grand que le Chevalier Wellan...
-Normal, il paraît que c’est un elfe.
-Un elfe ? Voyons, les elfes n’existent pas... Quoique... S’ils existent, notre belle et mystérieuse chevalier doit sûrement en être une, elle ne sera donc pas la seule...
-Ses parents seraient roi et reine d’une contrée mystérieuse...
-Laquelle ?
-Arrêtez vous salades vous deux, ordonna d’une voix forte le chef des cuisines, on ne vous paie pas à dire des âneries pareilles. Vous êtes peut-être des nouveaux, mais figurez-vous que moi j’y étais à l’époque. Je sais que ce chevalier est le chevalier Pelleas. Il a disparu il y a près de sept ans, peut après qu’il ait été adoubé chevalier. Il avait alors dix-neuf ans. Une chose est sûr, il n’est pas blond ni roux, il est brun. Et il n’a pas les yeux bleus mais verts. Je me souviens, il était bien ce gamin... Toujours un bonjour et une parole sympathique ou un compliment sur ce qui sortait de mes fourneaux. Plutôt le genre discret tout de même... Pas aussi bouillonnant que le chevalier Wellan, mais ils s’entendaient bien tous les deux...
-Il dit vrai, approuva Enthora, une des plus fameuses cuisinières et la doyenne des cuisines. C’était un bien gentil garçon, mais un jour il a disparu. Pfft ! Comme ça, d’un coup... Les chevaliers et le roi en ont été bien malheureux...
-Dame Elena l’aurait trouvé la première et il paraît qu’ils seraient revenus main dans la main en se jetant des regards enamourés..., reprit une cuisinière âgée d’à peu près la vingtaine en poussant un soupir rêveur.
-Rêve ! lança un jeune marmiton. Le Chevalier Elena ne serait pas tombée sous le charme d’un homme de la sorte... Ce n’est pas ce genre de fille...
-Le bruit court qu’alors qu’elle est la jeune femme la plus convoitée et la plus courtisée du royaume, elle ne s’est jamais attaché quelqu’un par autre chose que de l’amitié...
-Qu’est-ce que tu en sais ? Si ça se trouve elle vit un amour secret...
-N’importe quoi ! Et pourquoi se cacherait-elle ? Les chevaliers ont le droit d’avoir ce genre de relations...
-Oui mais peut-être qu’elle cherche à le protéger en taisant leur histoire...
-Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre... Bientôt tu nous sortiras qu’il est pauvre et vient des bas-fonds alors qu’elle est noble avec un statut prestigieux et qu’ils vivent une sorte d’amour impossible du fait de leur écart social...
-Si ça se trouve...
-Balivernes ! Arrête un peu tes histoires de romantisme... Ce que tu peux être d’un naïf... Tu as du trop écouté les histoires des conteurs de village...
-Si vous voulez mon avis...recommença le jeune garçon.
-On le veut pas ton avis.
-...elle cherche autre chose qu’un bel homme fort en combat... Elle...
-Elle cherche quelqu’un avec de l’esprit, comme toi ? répliqua sur un ton moquer l’un des rôtisseurs du fond de la cuisine.
Les rires fusèrent et le jeune garçon de cuisine revint à sa tâche, mal à l’aise et rouge de honte.
-Le prend pas comme ça mon vieux, on plaisante !
En passant, l’un des cuisiniers ébouriffa la crinière blonde du marmiton et celui-ci répliqua par un coup de poing au niveau de l’épaule.
-Abruti ! lâcha le garçon en ne pouvant retenir un sourire.
-Tout de même... Si seulement il y avait quelqu’un d’autre qui lui était semblable dans le royaume... fit Enthora en soupirant.
-Peut-être n’a-t-elle pas forcément besoin d’un semblable. Elle est très sociable, elle aime tout les gens et les gens lui rendent bien... Penses-tu qu’elle se sente vraiment seule entourée de tant d’affection ?...
-Je ne sais pas... Parfois je me demande...
-De toutes façons, les affaires des grands, ce n’est pas nos oignons, alors retournez au travail !
-Il va falloir avertir l’intendant, dit l’un des cuisiniers. Si ça continue, avec tous ces banquets, nous n’aurons plus assez de ressources pour la fête de Parandar qui arrive. Il va falloir demander un réapprovisionnement..
-En plus de ça, dans quelques semaines, nous aurons les fêtes d’automne, suivie de la célébration de l’attribution des écuyers, puis les fêtes d’hiver...
-Il va falloir faire venir plus de viandes de Rubis...
Les conversations avaient pris une voie plus professionnelle mais l’intrigant chevalier était toujours dans les esprits.
~> Rp à suivre dans La Grande Salle