Le Jardin

Cela faisait une lune que son père l’avait quitté. Lya s’accroupi devant son urne. Elle avait demandé à ce qu’elle soit placée sous le cerisier où étaient enracinés tant de souvenirs. Sous la caresse du vent, une pluie de fleur forma un tapis coloré sur l’herbe verte. La jeune fille s’inclina respectueusement, priant pour que son père trouve les portes du repos éternel. Elle resta ainsi longtemps, les yeux clos, se remémorant des souvenirs… Elle le pria, comme tous les jours depuis sa mort, de la guider dans ses choix, et de veiller sur elle. Une légère brise frôla son visage, ses cheveux glissèrent de derrière son oreille. Après une dernière prière, elle releva la tête. Elle contempla l’urne quelques minutes, avant de se relever complètement. Un petit pincement au cœur survint lorsqu’elle fut dos à la tombe. D’un geste inconscient, elle replaça ces quelques mèches de cheveux qui jouaient avec le vent. Lin attendait quelques pieds plus loin, ainsi que un garde, afin de lui laisser son intimité. La princesse leur adressa un petit sourire timide. Elle avait une démarche souple et gracieuse, malgré la robe, qui, selon elle, entravait ses pas.
A peine fut-elle arrivée à hauteur de sa dame de compagnie, que celle-ci la noya sous un flot de paroles.

-Ma Reine, les chefs des villages de Nigate et de Kôsho demandent à vous voir. Ils se plaignent que les dettes qu’ils se doivent de payer sont trop élevées pour leurs villages. Si vous voulez mon avis, ils profitent de la mort de votre père et de votre faiblesse éphémère afin d’abuser de vous… La tailleuse souhaite aussi vous voir pour préparer votre kimono. Je pense toujours que le rose vous irait le mieux afin de faire ressortir votre délicatesse, tel les fleurs de cerisier. Êtes-vous sûre de toujours vouloir du vert ? Je dois aussi vous dire que des reproches du côté des guerriers et des prêtres, vous accablent… Je vous l’ai toujours dit, une femme ne doit pas connaitre la maitrise du combat. Maintenant, ça les révulsent. Je suis de leur avis d’ailleurs. Cette maitrise est faite pour les hommes, les guerriers se sentent insultés ! De plus, vous êtes Reine, vous êtes sans cesse entouré de gardes, vous n’avez aucun soucis à vous faire.

Sur le visage de la princesse, un petit sourire se dessina, tandis que le contact glacé d’une lame de dague venait à chaque pas, toucher sa cuisse.

-Je sais que vous n’avez que faire de mes réticences, mais, pour l’amour du ciel, écoutez-moi ! Vous savez tout comme moi les dangers que cet art attise…

- C’est le fait que je me rende au dojo cet après midi qui vous met dans cet état là ? Dire que tout les jours, à la même heure, je dois entendre le même sermon…

Elle poussa un petit soupir, piqué d’une pointe d’amusement.

-Oui, je désapprouve totalement cette mauvaise habitude !... Vous devriez… fête du printemps… cuisinière… garde Xian…

La princesse n’écoutez plus. Lin s’était à présent embarqué dans les commérages du Royaume. Lya se concentrait sur le chemin de pierre. Les cailloux roulaient sous leurs pas. Quelques fleurs étaient parsemées le long du sentier, égayant la couleur terne de la roche.

-Vous n’êtes pas de mon avis ?

- Hum ?... Euh… Si si…

-Moi, à sa place, je lui aurais dis…

L’esprit de la Reine vagabondait à la recherche d’un quelconque souvenir lui permettant d’échapper aux médisances de son amie. Le visage de son père s’imposait sans cesse. Elle renonça, pour se concentrer sur le paysage. Elle tourna son visage vers le garde, qui les suivait sans un bruit. Il marchait avec grâce, ne laissant sous ses pieds rouler aucuns cailloux susceptibles de rompre la tirade de la femme. Apercevant le visage déconfit de la Reine, il lui adressa un petit sourire, qu’elle transforma en un sourire étincelant.
Entre deux branches, Lya se vit observer une toile d’araignée couverte de minuscules perles de pluie, transpercées par les rayons du soleil, qui la rendait lumineuse. Au fur et à mesure qu’elle s’en approchait, elle put observer une araignée ligotant sa proie. La Reine était fascinée. En l’espace de quelques instants, cet arachnide avait immobilisé le moucheron, rendant impossible toute tentative de fuite… Inconsciemment, elle compara sa situation à celle d’un pauvre insecte prit au piège par sa femme de compagnie.
C’est avec ravissement que Lya aperçut le bout du jardin. Une fois le portail passé, elle pourrait trouver un quelconque prétexte lui permettant de se débarrasser de sa dame de compagnie…

-Vous m’écoutez ?

- Oui oui…

Elle concentrait à présent toute son attention à ce portail qui se trouvait à quelques pas…

Le climat agréable dont jouissait le royaume de Jade avait poussé un jeune homme du nom d'Atreyu à en faire une étape de son voyage perpétuel. En effet, ce curieux personnage n'était pas un adepte de la douce vie de sédentaire. Le voyage, les grands espaces... Voilà ce qui lui tenait le plus à cœur et ce qui, toute sa vie, il avait le plus au monde chéri. Le fait d'être libre, de n'avoir aucune chaîne qui le relirait à quelque chose ou quelqu'un, c'était ça être Marchombre.
Marchant dans ce tranquille pays, il avait observé la faune et la flore d'une matière plus qu'attentive. Sur un carnet contenu dans une légère besace, il dessinait certaines espèces de plantes ou d'animaux. Il complétait ce manuel en voyageant constamment et prenait un immense plaisir lorsqu'il découvrait de nouvelles espèces.
Son observation l'avait mené jusqu'aux portes du palais de Jade.
Impressionné par la structure du bâtiment, il le fut davantage par l'importante collection de fleurs exotiques qui avaient élues résidence dans le jardin royal. Il marcha donc jusqu'au portail et attendit qu'une âme charitable passe dans le coin et daigne lui ouvrir la porte pour qu'il puisse observer ces plantes. Il savait que cela n'arriverait jamais mais la tentation provoquée par ces plantes était trop forte.
Tout à coup, il entendit des voix au loin et vit s'avancer quelques personnes en direction du portail.
Elles étaient quatre. Deux gardes, une femme et une jeune demoiselle.
Arrivés à une distance raisonnable de lui, il se fit remarquer en demandant si ces personnes auraient l'amabilité de lui ouvrir.
Elles l'envoyèrent balader alors il s'adressa à la jeune fille.

-Demoiselle, pourriez-vous m'ouvrir ce portail ? Je tiens juste à observer ces plantes, rien de plus. Je ne serai pas long.

Les gardes se raidirent.

- Il ose interpeller la princesse ! dit l'un d'eux.

D'un air contrarié, il avança pour ouvrir le portail et molester le jeune homme qui n'avait même pas idée de ce qu'il avait fait.
La porte ouverte, il sortit son gourdin pour frapper l'inconscient mais celui-ci esquiva gracieusement l'attaque du soldat. Malheureusement, dans son élan, son carnet vola et lui retomba sur la tête, l'étourdissant. Le garde, avantagé, lui asséna un coup de poing.

Tandis que le garde assommait l’inconnu d’un coup de poing, la princesse se saisit du carnet qui venait tout juste de heurter au sol, sous les cris d’hystérie de la femme de compagnie.

-Arrêtez ! ordonna-t-elle d’une voix qui ne permettait aucune contestation.

Les deux gardes se figèrent, laissant tomber le corps du jeune homme au sol. Sans s’en préoccuper, elle retourna son attention sur le carnet. D’une main sûre, elle l’ouvrit. Les dessins à l’intérieur étaient d’une extrême précision. Elle était fascinée par certaines espèces dont elle ignorait totalement l’existence. Le froissement du papier sous l’action de ses doigts lui était agréable. Il avait prit une teinte jauni et sa couverture était quelques peu abimée. Lya fixa l’homme qui se frottait machinalement la tête. Elle s’intéressa davantage à sa personne. Il était vêtu simplement et de couleur sombre. Ses yeux n’avaient pas cette forme en amande qu’ont les Jadois, mais ils révélaient une connaissance d’un monde dont elle ignorait tout. Il se releva d’un bond gracieux. Elle le dévisageait à présent sans gênes. Après l’avoir observé sous toutes les coutures, elle feuilleta le livre avant de le refermer doucement.

-Il n’y a pas de fleurs de cognassiers à ce que je vois...

Un coup de coude puissant lui frappa les côtes, suivit d’un regard désapprobateur de la part de Lin. La princesse grogna, mais l’ignora. Les gardes parurent hésiter sur le comportement à adopter.

-Vous dites vouloir observer les plantes de ce jardin, je me trompe ?

L’inconnu hésita quelques instants avant de prendre la parole, ne sachant s’il pouvait à présent s’adresser à la Princesse.

-Oui en effet... Mais il semble que je sois tombé sur une fleur qui dépasse tout ce que j'ai pu voir. Sa beauté n'a nul égal.

Il dit cela en regardant la princesse dans les yeux et sourit amicalement.

Le second garde attrapa Atreyu par le col.

-Comment oses-tu parler de cette mani...

En un instant, Atreyu avait saisit le bras du soldat et l'avait plaqué au sol. L'homme n'avait même pas eut le temps de comprendre ce qui lui était arrivé.

-Je suis désolé pour mon inconvenance mais je n'aime pas qu'on me traite comme cela.

Lâchant le soldat, il se releva, le visage souriant.

-Certaines plantes de votre jardin me sont inconnues. J'aimerai bien les observer et noter quelques informations sur mon carnet.
Je ne connais pas la fleur de cognassier, je vous serai extrement reconaissant de me la montrer.

Un sourire éclatant illumina le visage de la jeune fille. Une légère brise amena la douce odeur du printemps.

-J’accepte avec joie !

-Mais… Madame…

-Oh Lin, s’il te plaît, pour une fois, permets moi de faire ce que je souhaite. Regardes-le, il n’a nul intention nuisible à mon égard.
La vision de l’inconnu plaquant le soldat au sol flotta au dessus du groupe. Après un cours instant d’hésitation, Lya pria aux gardes et à sa femme de compagnie de disposer. Elle savait au fond d’elle qu’elle s’exposait à un risque inutile qui pourrait lui couter la vie, mais elle se serait jetée dans n’importe quelle aventure lui permettant de s’arracher de la monotonie de son quotidien. Elle vérifia cependant la présence de sa dague sous sa robe, la lame glacée la rassura quelques peu. Les soldats et la femme se rapprochèrent du portail, s’en pourtant le dépasser, les yeux rivés sur l’inconnu, prêts à intervenir si il esquiver un geste brusque à l’intention de la Princesse.

-Tenez, reprenez-le.

Elle lui tendit le carnet le sourire aux lèvres.

-Vous avez bien fait de faire une escale au palais. Dans ce jardin poussent les plus belles fleurs du Royaume de Jade. Mon père avait demandé à ce qu’on s’en occupe avec soin…

Ils commencèrent à effectuer quelques pas sur le chemin rocailleux. Lorsqu’ils passèrent de l’ombre au soleil, Lya dû plisser ses yeux afin de voir où elle posait ses pieds. Dans la lumière aveuglante, elle réussi tout de même à repérer ce qu’elle cherchait. Derrière eux, le groupe s’avança à son tour afin de ne pas perdre de vue la Princesse.

-Regardez, à droite. C’est un cognassier. On en trouve un peu partout dans le royaume, mais celles de ce jardin ont une couleur éclatante.

La fleur était en effet d’une rougeur presque irréelle, où roulaient des perles de rosée, la rendant d’autant plus magnifique.

- En effet, il est rare de voir de telles plantes.

Sortant son fusain, il commença à crayonner sur son carnet.
Il observait attentivement chaque centimètre de la fleur pour ne perdre de vue aucun détail qui la caractérisait.
Les coups de crayons appliqués avec finesse, finirent pas représenter avec une quasi-exactitude la fleur.
Il griffonna des notes incompréhensibles censées expliquer le comportement de la fleur, son état, son milieu naturel...
Le travail achevé, il rangea son carnet.

-Avez-vous d'autres spécimens à me montrer. Cette fleur était très intéressante. Le royaume de Jade regorge de surprises !

La princesse l'accompagna vers d'autres plantes situées dans le fond de l'immense jardin du palais. Une petite fontaine se trouvait au centre d'un motif formé de fleurs disposées concentriquement.
Atreyu prit le temps d'étudier avec soin chaque plante.
La princesse quant à elle, restait à côté de lui, l'observant.

-Je vous remercie de m'accorder de votre temps princesse mais je ne voudrais pas abuser.... Deviez-vous vous rendre quelque part ?

-Oh ! Ne vous tourmentez pas pour ça… J’ai deux trois choses à régler, comme toujours, mais le temps ne presse pas.

Elle était surtout fascinée par ses dessins. En quelques minutes, il avait noircit une bonne dizaine de pages.

L’eau de la fontaine qui jaillissait d’un dragon lézardant sur un rocher, s’écoulait dans des canaux afin d’irriguer les plantes. Le ruissèlement de l’élément créait un bruit agréable et rafraichissant. Le soleil atteignait à présent son zénith, toujours plus chaud, obligeant les jeunes gens de se mettre à l’ombre d’un cerisier. L’inconnu crayonnait une des fleurs de l’arbre tandis que la princesse se mettait sur la pointe des pieds afin de ne pas perdre des yeux le chemin que fusain traçait sur cette page blanche. Ils finirent par avancer dans le jardin, l’inconnu noyé sous les questions de la Princesse. Elle apprit qu’il s’appelait Atreyu, et qu’il était une de ces personnes à parcourir le vaste monde, avide de l’inconnu.
Au loin, le toit du Dojo transperçait les arbres. Dans une mer de fleurs blanches, il tentait en vain de s’imposer dans le paysage.

-Quel est donc ce bâtiment au loin ?

-Le Dojo, je comptais m’y rendre cet après midi. Mais, si vous souhaitez y faire une escale, je n’y vois aucun inconvénient.

- Si vous le souhaitez. Je viens de finir mes croquis.

Ils avancèrent le long du sentier qui menait au Dojo.
Arrivé devant, Atreyu ne put qu'admirer la beauté de l'imposant édifice. De hautes marches menaient à l'intérieur. Ils les gravirent assez rapidement. La grande porte s'ouvrit et ils aperçurent de nombreux hommes s'entraînant.
Tous torses nus, ils effectuaient des prises ou alors, se battaient à l'aide de sabres de bois.

Un homme vint à leur rencontre. Il était vêtu d'un kimono léger et portait à sa ceinture un long sabre. Il ne possédait guère plus de cheveux et sur son visage, de vilaines cicatrices trahissaient les combats que cet homme avaient du endurer tout au long de sa vie.
Il s'inclina respectueusement devant la princesse et dévisagea longuement Atreyu.

- Vous avez le physique d'un guerrier jeune homme... Mais savez-vous au moins vous battre ?

Atreyu sourit, visiblement géné.

- Disons que j'ai quelques notions...

Le vieil homme jubila et les combattants avaient cessé de se battre pour s'approcher des nouveaux venus.

- La princesse n'a pas dû choisir de venir sans gardes jusqu'ici en votre compagnie sans raison ! Montrez-nous donc ce que vous savez faire !

Atreyu s'inclina devant le maître.

- Bien... Je demande cependant de choisir mon adversaire parmi tous les valeureux combattants de cette assemblée. Il en va de vos coutumes après tout.

- Bien évidemment...

Atreyu sourit.

- Je choisis la princesse...

Le vieil homme adressa un regard amusé au jeune homme.

- Très mauvais choix...


~> Rp à suivre dans Le Dojo

[HRP] De retour du Dojo [/HRP]


Le combat terminé, la princesse avait entrainé Atreyu en dehors du Dojo, cherchant un endroit loin des oreilles indiscrètes. Elle voulait connaître les techniques qui avaient permis au jeune homme de gagner si aisément.
Ils avaient fini par atterrir dans le jardin Royal.
Là où ils se trouvaient, de grands arbres aux fleurs blanches formaient un coin d'ombre où la température était agréable.
Le jeune homme s'assit sur un banc de pierre attendant les questions de la princesse.
Cette dernière se tenait face à lui, le fixant étrangement.

-Bien... Que voulez-vous savoir ?

-Ce que je veux savoir ! Votre technique de combat m’est parfaitement inconnue, soit. Mais la façon dont vous esquiviez chacune de mes attaques, c’était presque… surhumain ! De plus, et vous m’en voyez navrée si c’était arrivé, mais j’aurais dû vous trancher une main, et au lieu de cela, je me suis heurtée à quelque chose d’aussi dure que du métal.

Ses prunelles avaient pris une teinte dorée sous la lumière du soleil. Elle animait son discours par de grands gestes. La chaleur et l’effort fournis lui avait rendus les joues écarlates. Elle se dirigea donc vers la fontaine d’une démarche féline, avant de recueillir au creux de sa main un peu d’eau. Dans un même mouvement, la Princesse s’aspergea le visage, tentant en vain de faire fuir la chaleur qui l’irradiait. Elle se retourna vers Atreyu et d’une voix impérieuse lui dit :

-Alors, j’attends votre explication !

Le visage d'Atreyu venait de changer. Il était froid.
Se levant, il avanca de quelques pas, dos à la princesse.

-Je suis un Marchombre.

Les feuilles des arbres frémirent et une petite brise se leva. Atreyu se retourna vers Lya.

-Je n'ai utilisé aucune technique pour vous battre. J'ai juste appliqué les principes marchombres... qui eux, resteront secrets.

-Non ce n'est pas mon but...

Il sourit à la princesse.

-En fait, je n'en ai pas vraiment. Je vogue entre les différents royaumes à la recherche de nouvelles espèces d'animaux ou de plantes...
Il m'arrive parfois de rencontrer des gens de mon "espèce" et il est possible que nous échangions quelques brèves paroles. Être marchombre ne signifie pas faire partie d'une guilde obscure, terrée dans un domaine dont les membres ne sortent que pour accomplir un sinistre méfait.
Nous sommes libres d'aller où bon nous semble quand nous le voulons et de faire ce que nous voulons. Nous devons juste respecter certains principes qui nous ont été inculqués.

Le soleil illuminait son visage et, comme à son habitude en présence de la princesse, il affichait un large sourire.

-Et puis vous savez, j'aurai pu largement vous tuer lorsque vous étiez accompagnée de vos gardes. Vous n'auriez rien senti.

Il tendit sa main à la princesse.

-Le fait que vous soyez encore en vie signifie bien que je ne vous veux aucun mal, rassurez-vous.

Le soleil perçait la couverture de fleurs qui se trouvait au dessus d’eux, en dessinant au sol des formes abstraites. Sous la légère brise, quelques fleurs de cerisiers descendaient de l'arbre avec grâce, avant de se déposer délicatement au sol. L’eau qui tombait dans la fontaine, éclaboussait la jeune fille de minuscules gouttelettes qui s’accrochaient à ses vêtements et à ses cheveux. La Princesse regardait devant elle la main qu’il tendait. Fallait il qu’elle lui accorde sa confiance ? Pourtant c’était la première fois qu’on faisait preuve d’un tel acte de complicité. C’était la première fois qu’on la considérait comme un être humain, et pas seulement une Princesse... Emue, le sourire aux lèvres, elle glissa sa main dans la sienne.

Atreyu sourit lorsque la princesse glissa sa main dans la sienne. Le soleil illumina chacune des parties du visage de la jeune femme lorsqu'elle se releva. Il fut éblouit sa beauté et ses joues, d'habitude si blanches, rosirent légèrement.
Ils se firent face. La princesse devait lever la tête pour observer le visage d'Atreyu qui la dépassait largement.
Il réfléchit quelques instants.

Princesse, avez-vous déja dormi à la belle étoile loin de votre palais ?

Je…

Non et elle n’en fera rien !

La brusque apparition de Lin lui glaça le sang.

Mais…

Permettez-moi Madame de vous rappeler que vous avez des obligations. Soit, vous avez passé une bonne journée en sa compagnie, mais déjà le soleil décline dans le ciel, et tous vos rendez vous ont dû être reportés ! Je ne tolèrerais pas que vous passiez la soirée en dehors du palais en présence de ce jeune homme.

Elle dévisagea le Marchombre.

Lin !

Je ne veux rien savoir ! Peut être faut il que j’appelle les gardes afin qu’ils vous ramènent dans vos appartements ?

La princesse bouillonnait. Comment osait-elle lui parler sur ce ton en présence d’un individu ! Pourtant, elle avait raison. En tant que Reine, elle avait des devoirs, et elle ne pouvait se permettre de fermer les yeux dessus. Elle baissa la tête.

Je suis désolée…

Elle tourna les talons, sans prendre le temps de lui dire « au revoir ».

J’ai été horrifié de votre comportement ! Qu’aviez-vous en tête !

La Princesse ne décrocha mot pendant le chemin du retour. Elle pensait à cette journée irréelle. A cette silhouette qu’elle avait laissée près de la fontaine. Aux critiques auxquelles elle devrait faire face pendant plusieurs jours.

Le soleil terminait sa course folle dans le ciel. Déjà quelques étoiles apparaissaient au lointain. Le portail s’approchait doucement, encadré par deux soldats. Elle poussa un long soupir lorsque les soldats s’approchèrent pour la ramener à son palais en toute sécurité. C’était, pensa t’elle, sûrement la dernière fois qu’elle voyait Atreyu…